quinta-feira, abril 20, 2006

Imposture égalitaire

Como poderão verificar, tem tanto interesse em Portugal como em França (ainda que de forma menos imediata). Reproduzo aqui a última crónica do escritor e editor Philippe Randa, centrada em acontecimentos recentes. (www.philipperanda.com)


La récente pantalonnade – comment appeler autrement un tel non-événement comme le vote du Contrat Premier Embauche, suivi de son piteux «remplacement» – aura au moins eu le mérite de déballer en place publique la médiocrité d’une partie de notre belle jeunesse: c’est pour une plus grande «sécurité» de l’existence que des milliers de lycéens ont manifesté… quitte à se faire dépouiller et tabasser par quelques hordes de plus jeunes qu’eux, voyant là l’opportunité de s’approprier sans trop de risque leurs téléphones portables. En voilà au moins à qui le CPE aura apporté quelque chose.
Luc Ferry, passé de la Philosophie au Ministère de l’Éducation nationale pour échouer finalement au Conseil économique et social, écrit fort justement(1): «Les organisations de jeunesse, qui naguère encore se voulaient intrépides, audacieuses, voire révolutionnaires, incarnent désormais, si l’on ose ce paradoxe, l’avant-garde du conservatisme».
Et face à ce consternant constat, comment réagit nos gouvernants? Là encore, Luc Ferry écrit assez justement: «Un ministère est comme un cheval: on peut s’en servir pour aller quelque part, mais si l’on se trouve dans un jeu qui s’appelle le rodéo, mieux vaut avoir compris que le but de l’opération n’est surtout pas d’aller d’un point à un autre, mais de rester coûte que coûte sur la bête. Comme le cow-boy qui épouse les mouvements de l’animal, le politique professionnel se contorsionne
pour coller aux ondulations d’une opinion d’autant plus tyrannique qu’elle est amplifiée de façon délirante par la société médiatique».
Reconnaissons au moins à cette jeunesse-là qu’elle n’est pas complètement responsable de sa médiocrité. Pourrait-elle se comporter autrement en ayant été élevée, à défaut d’éduquée, dans la confusion des valeurs et le mensonge délibéré des réalités.

Des bouts de papier dévalués
Gérard Aschieri, le Secrétaire général de la FSU, présenté comme le premier syndicat enseignant, pose(2) cette question: « Voulons-nous, oui ou non, faire réussir tous les élèves ou préférons-nous en abandonner certains parce que la réussite pour tous revient trop chère?»
La réponse est évidente, encore faudrait-il s’entendre sur la notion de «réussite». Peut-elle être la même pour tout le monde? Évidemment, non! et c’est là le mensonge délibéré asséné depuis tant d’années car le niveau de «réussite» ne peut l’être qu’en fonction des possibilités de chacun.
On commence seulement à prendre conscience des dégâts de la politique officialisée par Lionel Jospin – mais en fait mise en œuvre depuis plusieurs décennies – pour que 80 % d’une génération parvienne au niveau du bac.
C'est précisément cette volonté de «réussite pour tous» qui a provoqué «une inflation des diplômes et un écart croissant entre ces bouts de papier dévalués et la compétence réelle».(3)
À une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, alors que le baccalauréat valait encore quelque chose, on pouvait néanmoins réussir dans la vie sans en être titulaire. Aujourd’hui, il ne vaut plus tripette, mais on a rendu sa détention obligatoire pour légitimer l’imposture égalitaire.


Notes
(1) Le Figaro, «débats Opinions», 6 avril 2006.
(2) Le Point du 13 avril 2006.
(3) Jean-Paul Brighelli, agrégé de lettres et auteur du pamphlet à succès La Machine à crétins, cité dans « Dans les coulisses de la “fabrique à chômeurs”», Cécilia Gabizon et Marie-Estelle Pech, Le Figaro, 14 avril 2006.