sábado, maio 24, 2008

Mai 68 et après, souvenirs d'un délinquant idéologique

(um artigo de Christian Bouchet)

«Célèbre-t-on une maladie? Invite-t-on familles et amis à se réunir pour fêter les quarante ans d’une méningite?»

Il n’y aurait pas eu Mai 68, je ne sais si je me serais engagé politiquement.
L’extrémisme de droite, je suis tombé dedans en naissant. Les «amis de collège» - comprendre ceux qui avaient partagé à la «libération» leurs geôles avec mes grands parents, ma mère, ma tante, mes oncles - étaient quasiment les seules personnes que ma famille fréquentait dans ma prime jeunesse. J’ai été élevé dans l’anti-résistancialisme et l’anti-gaullisme le plus frénétique, dans les récits de procès, de jugements sommaires, de tortures, de pillages et d’iniquités.
Lors de l’affaire d’Algérie, je n’avais que 7/8 ans, et pourtant j’ai un souvenir très vif du jour de l’exécution de Bastien-Thiry, des nuits bleues de l’OAS, du soutien sans faille de ma famille à la cause de l’Algérie Française, du jour de l’assassinat d’un de mes oncles par un commando du FLN, etc.
Mais tout cela n’aurait peut être pas abouti à un engagement militant si Mai 68, n’était pas passé par là. J’avais 13 ans, j’habitais à Angers dans une rue où se situait aussi le siège du Parti communiste, de ce fait toutes les manifestations passaient sous nos fenêtres. Dans cette petite ville bourgeoise les événements se réduisirent à bien peu de choses. Enfant, je méprisais les manifestants et je tâchais de leur montrer à ma manière. Un jour (ce devait être le 30 mai et se passer en même temps que la manifestation gaulliste des Champs Elysées) quelques jeunes, ils ne devaient pas être plus d’une trentaine, contre-manifestèrent dans ma rue devant le siège du PCF. Je leur adressais de notre fenêtre applaudissements et encouragements alors que mon père inquiet de possibles représailles me priait avec force de cesser. A la même époque je découvris par la presse Occident, une organisation qui ne fut jamais représentée à Angers mais qui me fascinait et me faisait vibrer.
A la rentrée suivante je constituais dans mon collège, avec deux amis, un petit noyau contre-révolutionnaire et éminemment réactionnaire (notre seule action militante fut de rédiger une affichette contre «La démo-ploutocratie»!), puis ayant rencontré par hasard des militants de la Restauration nationale je rejoignis celle-ci. Le choix n’était guère judicieux, mais à cette époque l’opposition radicale à la chienlit se réduisait à Angers à deux étudiants royalistes, à moi-même et à quelques personnes âgées inactives. C’était il y a trente-neuf ans, depuis mon militantisme n’a jamais cessé.
Il y a eu Mai 68 et il y a eu l’après-Mai, une période qui a durée près de dix ans (Hamon et Rotman dans Génération la font se terminer en 1975) et qui fut marquée par une forte pression de l’extrême-gauche particulièrement sensible dans les institutions d’enseignement. J’en ai un souvenir de très grande solitude. Je vivais alors à Nantes et ne pas aller «dans le sens de l’histoire» était particulièrement désespérant. Cela revenait à s’aliéner dans les lycées, même privés, la majorité des enseignants et une part non négligeable de ses condisciples, et ne parlons pas de la situation en faculté ... En droit, sur toutes les années, nous n’étions au milieu des années 1970 que deux «fafs» ou considérés comme tels ... et les «modérés» (militants de l’UNI ou du CELF, d’ailleurs peu nombreux) nous rejetaient pour ne pas être assimilés avec les «fascistes».
De surcroît, mes choix idéologiques aggravèrent tout. En effet, après un court passage par la Nouvelle action française, je rejoignis le courant nationaliste révolutionnaire marqué par la pensée de Jean Thiriart. Celui-ci était alors ultra-minoritaire au sein de la mouvance nationale (à l’Organisation Lutte du Peuple nous ne fûmes jamais plus de 20 adhérents à la fois !...) et y était très mal considéré. De plus, Philippe Baillet, de passage à Nantes, m'avait fait découvrir Evola, cela me donna d’innombrables raisons de lutter mais aussi de m’aliéner le courant catholique de la droite radicale locale.
Nationalistes révolutionnaires nous n’étions sur Nantes que quelques uns, malgré cela nous étions les plus engagés, les meilleurs militants, mais en même temps les plus réprouvés. L’extrême-gauche, la gauche, les modérés nous vouaient aux gémonies. L’extrême-droite elle, nous tenait à l’écart voire nous ostracisait. Notre soutien à l’Iran révolutionnaire et aux Palestiniens, notre traditionalisme évolien, notre anti-américanisme rabique, notre anti-sionisme qui ne l’était pas moins, notre socialisme, tout déplaisait à un milieu politique où l’on glorifiait Franco, Pétain et bientôt Pinochet et où le sionisme était regardé avec sympathie car anti-arabe. Même le groupe local du GRECE nous était hostile, aux mains d’une famille de la bonne bourgeoisie nantaise il pratiquait l’entrisme à l’UNI et au CNI, puis plus tard chez les giscardiens, et ne cachait pas son mépris pour les militants de base que nous étions.
Si je jette en arrière un regard dépassionné, tout me déplaît dans Mai 68 et dans son héritage. Et je n’arriverai jamais à comprendre ni la position de certains membres de la Fédération des étudiants nationalistes qui appelaient à soutenir le mouvement par haine du gaullisme, ni celle de Gabriel Matzneff qui écrivait à l’époque dans Combat (le 27 juin 1968) «Si les événements de mai ont ma sympathie c’est parce qu’ils sont, selon ce que je sens, moins la révolution de Marx que la révolution de Nietzsche: la redécouverte du sens de la fête, une explosion de joie dionysiaque» ... La révolution de Nietzsche cette invasion du débraillé vestimentaire, du terrorisme intellectuel et du plus plat conformisme? Non! Mai 68 n'aura été à mes yeux qu'une de ces périodes où les égouts débordent et où le monde moderne progresse. 40 ans après nous en vivons encore les conséquences et nous devons de surcroît subir les souvenirs d’anciens combattants d’une guerre, sans morts ni blessés graves, qui n’aura duré que quelques semaines, mais qui aura été le seul moment intense dans la vie médiocre et terne de milliers de petits bourgeois.

notes:
Ce texte a été publié pour la première fois (dans une version très légèrement différente) dans le n° 4 de Résistance (1° série, 1998). Il était suivi de cette citation :
«Sur le fond des idées et de l’action des soixante-huitards, mon jugement est aussi intégralement négatif qu’il l’était sur le moment. Non, mai 68 ne fut pas une aspiration à la liberté de la part de gens qui en étaient gavés. Ce ne fut évidemment pas une révolte de la misère. Le mouvement de mai ne fut pas inspiré par un idéal, mais par une utopie, ce qui est précisément le contraire. Un idéal nous tire vers le haut, au milieu des difficultés et des efforts, voire des sacrifices. Cette utopie veut nous faire croire que le relâchement intellectuel, mental, moral est un droit imprescriptible et une condition nécessaire de la pleine réalisation de l’humanité. On voit bien ce qu’elle a détruit, dans l’enseignement et ailleurs, on voit bien les ressorts qu’elle a cassés, mais, trente ans après, on ne voit vraiment pas ce qu’elle a construit. Quant aux soixante-huitards qui tiennent le haut du pavé aujourd’hui, ils donnent plus l’image du cynisme blasé que de la rigueur, fut-elle révolutionnaire.
Mai 68 n’a pas été une simple parenthèse. Nous en trouvons encore aujourd’hui les séquelles insidieuses. Si nous voulions analyser les composants de la langue de bois (ou de plomb) et de la pensée unique actuels, nous pourrions remonter trente ans en arrière
».
Jacques Rougeot
(in Conflits Actuels n° 2)

4 Comments:

At 7:58 da manhã, Blogger PintoRibeiro said...

Curioso, no mínimo.

 
At 2:41 da tarde, Anonymous Anónimo said...

Interessante depoimento. Sobretudo o último parágrafo, mas não só, pode aplicar-se ponto por ponto à actual situação económica, social e moral do nosso país, consequência directa e óbvia da promíscua e criminosa política desenvolvida em todas as áreas da governação, com especial e gravíssima insidência na educativa, implementada por traidores, oportunistas e atrazados mentais que temos a terrível desgraça de suportar e pior ainda, de consentir, vai para quase quatro décadas.

Maria

 
At 12:42 da manhã, Blogger Flávio Gonçalves said...

Psiu, psiu, e o Alain de Benoist?

http://pt.no-media.info/433/maio-de-68-2

 
At 9:36 da manhã, Blogger Manuel said...

Parece-me que o texto de Alain de Benoist ainda não desapareceu do blogue.

 

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